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Aurores Boréales Pyrénéennes

Dernière mise à jour : 30 mai


Non nous ne rêvons pas, le ciel s'est bel et bien enflammé dans la nuit du 10 au 11 mai, dans toute la France, le spectacle était phénoménal, même dans le ciel Pyrénéen.

Les couleurs surréalistes des aurores boréales, dues à une énorme tempête géomagnétique, ont coloré notre voûte céleste.


Du Pic du Midi jusqu'à la ville de Bagnères de Bigorre, de la voie lactée jusqu'à l'Aurore Boréale…

 


Après un périple de 3 jours dans mes chères Pyrénées, à la poursuite des astres, la nature m'a offert le plus beau des cadeaux pour conclure le séjour.

Comment vous décrire ce qu'il s'est passé hier soir… Les mots me manquent.


L'aurore au dessus de la ville de Bagnères de Bigorre, Hautes-Pyrénées



Passionné par ce phénomène depuis longtemps, je ne pouvais pas rêver plus beau cadeau que de les admirer depuis mes chères montagnes.

La nuit fut longue et les boîtiers n'en ont pas raté une miette de 21h à 5h. Le spectacle était complètement démentiel, j'ai du mal à m'en remettre.


La nuit tout juste tombée, les lueurs du soleil couchant encore visibles au Nord-Ouest, l'aurore est déjà bien présente sur l'horizon Nord.


Le ciel des Pyrénées était en feu...

 


Le Pic du Midi de Bigorre, anormalement rouge face aux lueurs puissantes de l'aurore.




Petit rappel, les aurores, qu'est ce que c'est ?



Le Soleil éjecte des particules chargées (électrons et protons) dans l'espace, ce qu'on appelle le vent solaire. Le champ magnétique de la Terre forme un bouclier invisible qui fait dévier le vent solaire autour de notre planète.



Pendant ce processus, les lignes du champ magnétique s'étirent du côté de la Terre opposée au Soleil. Puis elles reprennent brusquement leur forme originale, comme un élastique. Elles projettent ainsi des particules chargées vers la Terre le long des lignes du champ magnétique.


L'aurore boréale se forme lorsqu'il y a collision entre ces particules chargées et les gaz qui se trouvent dans la haute atmosphère terrestre.

Ces collisions génèrent de minuscules éclats lumineux qui emplissent le ciel de voiles colorés. C'est le même principe qu'un tube fluorescent au néon ou un écran cathodique. Des milliards de lueurs apparaissent en séquence, ce qui donne l'impression que l'aurore flotte comme un rideau dans un courant d'air.


C'est le champ magnétique de la Terre qui guide les particules chargées vers les pôles. La forme du champ magnétique de la Terre crée deux ovales auroraux au-dessus des pôles magnétiques Nord et Sud. C'est pour cette raison que des aurores se produisent presque toutes les nuits dans le ciel nordique, d'août à mai.




Une tempête géomagnétique exceptionnelle !



Durant la nuit du 10 au 11 mai 2024, une tempête solaire s'abat sur la Terre et engendre une tempête géomagnétique extrêmement violente. Une tempête de classe G5.

La dernière, date d'octobre 2003 soit plus de 20ans.


Ci-dessus, un petit tableau pour comprendre l'échelle des tempêtes géomagnétiques et leurs incidences sur la Terre.


Ces conditions exceptionnelles sont dues à la présence d'une tâche solaire particulièrement active et étendue qui a donné plusieurs éruptions de très haute intensité (classe X+) en direction de notre planète.  Ces éruptions ont entrainé des éjections de masse coronale (CME) à très grande vitesse.


Des aurores visibles à des latitudes anormalement basses, jusqu'en Floride.

Alors oui en France, le spectacle a été spectaculaire du Nord au Sud.

Les aurores ont pu être observées dans tout le pays, et bel et bien visible à l'œil nu. Même si notre vision nocturne reste très limitée, et que les couleurs n'étaient pas aussi criardes que sur les photographies, on pouvait quand même nettement distinguer une lueur rougeâtre et les formes fascinantes du phénomène.

De plus, pour l'observation, les planètes étaient alignées. Un ciel dégagé, clair et sec, une nuit sans lune (petit croissant en début de nuit), et, pour peu que l'on ait été éloigné de la pollution lumineuse des villes, c'était le combo parfait.



La couleur des aurores.


Après cette soirée exceptionnelle, les aurores étaient au devant de la scène, et beaucoup d'interrogations ont suivi. Les formes, les couleurs, notre perception.


Pour commencer, il est important de comprendre que notre perception n'est malheureusement pas le reflet de la réalité. Même si nous aimons penser que nous sommes le centre du monde, et que les choses sont ce qu'elles sont parce que nous les voyons avec notre regard. Il faut bien comprendre que la nuit, notre œil est complétement hors course et que notre vision nocturne est très limitée.

La nuit, nous avons beaucoup de mal à discerner les couleurs et les détails. Nous avons une vision dépourvue de couleurs et composée de nuances de gris. Pour distinguer les couleurs, il nous faut une source de lumière considérable. Contrairement à nos yeux, les capteurs d'appareils photo sont beaucoup plus puissants, ils arrivent à capter une quantité considérable de couleurs dans le spectre des aurores, ce qui donne les images très colorées réalisées par les appareils.

Avec nos yeux, quand nous observons des aurores polaires, nous voyons leurs formes, mais nous les percevons malheureusement en noir est blanc la plupart du temps.



à gauche une simulation de ce que l'oeil arrive plus ou moins à percevoir, à droite ce que le capteur de l'appareil enregistre (les couleurs qu'il y a réellement dans le ciel).


Cependant, lorsque le phénomène est intense et puissant, les couleurs nous apparaissent enfin, et là, cela devient véritablement magique.


Rouge, vert, rose, quelle est la couleur des aurores?

Tout dépend de l'intensité, du lieu où l'on se trouve pour l'observation (latitude) et de l'altitude à laquelle se produit le phénomène.

Les couleurs sont générées en fonction de l'altitude et des gaz que rencontrent les particules solaires.


Les couleurs des aurores suivant le gaz et l'altitude.


Lors de la nuit du 10 au 11, le phénomène s'est étendu jusqu'à de très faibles latitudes et suivant notre position dans l'hémisphère Nord, nous avons observer l'aurore différemment.


Au Nord, une magnifique symphonie de couleur a embrasé le ciel. Le vert, bien présent, était proche de l'horizon tandis que des drapés rouges/violet évoluaient au-dessus. Le ciel entier était rempli d'aurores d'un horizon à l'autre.


A mi- latitude, les aurores boréales présentaient un arc de piliers spectaculaire. Les phénomènes auroraux les plus éloignés du Pôle se trouvaient encore au Sud, baignant le paysage dans une lumière rougeâtre.


Au Sud, qui se trouvait à la limite des aurores boréales, au niveau de l'arc SAR. De grandes draperies et des piliers de lumières étaient visibles sur l'horizon Nord, avec une lueur rouge emplissant la moitié du ciel. Sur la moitié Sud de la voûte céleste, le ciel est resté noir. Ce qui était le cas dans les Pyrénées.


Panorama du Sud jusqu'au Nord ouest, on distingue clairement la limite de l'aurore présente sur tout le Nord.



Même si nous ne pouvons jamais prévoir comment se comporteront les éléments, nous ne savons pas si ce phénomène se reproduira prochainement.

Les soirées aurorales intenses ne sont pas rares, il arrive souvent que l'échelle de KP (Echelle de mesure de l'activité de 0 à 9), monte à 6 ou 7, ayant pour conséquence directe, l'apparition d'aurores en basses latitudes ( Royaume-Uni, Bretagne). Mais en France, elles ne restent décelables qu'avec le capteur d'un appareil photo et sont souvent invisibles à l'œil nu.


L'échelle de l'intensité des KP reproduite sur le nord du globe.


Notre soleil évolue selon un cycle de 11 ans. En ce moment même, il est dans sa période dite de "Maximum solaire" l'apogée de son cycle.

En général, par période de maximum solaire, on observe 1 à 2 activité aussi intense, de KP9 visible à l'œil nu à nos latitudes.


Pour mieux comprendre, l'échelle des KP, un petit tableau avec les différents niveaux, les conséquences et les endroits où les aurores sont visibles dans le monde.



Dans la nuit du 10 au 11 mai, les indicateurs étaient complètement dans le rouge, comme le ciel de l'hémisphère Nord !


L'application Space weather Live



les aurores que j'ai eu la chance d'observer dans les pays Nordiques sont différentes que celles observées en France.

Le fait que nous soyons près des pôles, nous place au plus proche du phénomène et nous nous retrouvons très souvent dessous les aurores. Nous discernons en premier lieu les couleurs vertes et les mouvements sont bien plus vigoureux, il n'est pas rare d'observer des aurores sur la totalité de la voûte céleste.


Quelques images prises en Scandinavie, au plus proche du phénomène.



Une soirée qui, restera, je pense, dans les annales…

 

Un moment unique où le temps s'est arrêté l'espace d'une nuit. Le souffle du soleil a fait danser les lumières boréales dans le ciel Pyrénéen, et je garderai longtemps les images en tête de ce spectacle épique.

 

Voici un petit retour en image, vous les avez vu en photo, sous toutes les coutures, je vous propose maintenant de vous les montrer en train de danser.

 




À cette nuit inoubliable ou l'impossible est devenu réalité…



Je suis heureux que bon nombre d'entre vous aient pu admirer ce spectacle surréaliste, maintenant vous comprenez ce que l'on ressent face à cette divine comédie.

 

Yannick Legodec


Lien vers l'article de la Nouvelle République des Pyrénées:



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